Soviétisation douce : le socialisme français est à bout de souffle
La France en 2025 est un pays qui dépense plus que n'importe quel autre en Europe, qui taxe plus que tous ses voisins, mais dont le niveau de vie décroît, les écoles déclinent, les services publics s'effondrent, l'insécurité augmente, et pourtant, les touristes continuent d'affluer par dizaines de millions chaque année...
On pourrait reprendre l'image des villages factices que Catherine II montrait à ses invités : des façades éclatantes qui masquaient en réalité des ruines, sauf qu'ici, il n'y a même plus de façade, tout le monde voit la décrépitude.
Et les marchés le sentent, les obligations à 10 ans atteignent 3.5%, au même niveau que l'Italie, et le spread avec le Bund allemand s'est creusé jusqu'à 80 bps. Le CAC 40 plonge dès qu'un ministre prononce le mot "confiance", et on en est au point où le ministre des Finances reconnaît à demi-mot que le FMI pourrait un jour venir bailout la France.
Voilà où mène cinquante ans d'inepties social-démocrates : au déclassement pur et simple. L'origine de la crise est triviale, mais peu de politiciens osent mettre le doigt dessus, pourtant, il faut l'appeler par son vrai nom : la corruption.
La France est un pays qui maintient activement une corruption tellement généralisée et institutionnalisée qu'on ne la voit même pas dans les index de corruption, c'est devenu normal, visible par tout le monde.
Indice de corruption (top 1 : Danemark 90). Source : tradingeconomics
A première vue, la France se situe relativement au milieu de ses pairs (US, UK, Japon, etc.), mais la source du problème est plus profonde. Les gouvernements socialistes successifs depuis Mitterand ont institutionnalisé le capitalisme de connivence : un État qui subventionne, régule, choisit les gagnants et les perdants, et "redistribue" à ses copains. C'est de la corruption pure et simple, quand l'État contrôle plus de la moitié du PIB, il devient le terrain de chasse favori des lobbys et des réseaux.
Dans le système économique et politique français, on ne s'enrichit pas en innovant, on prospère en obtenant une niche fiscale, un marché public, un fake job à France Travail (54000 salariés !!), une subvention pour l'écologie, un poste de député que l'on cumule avec son poste de maire... C'est la définition du capitalisme de connivence que de nombreux auteurs libéraux ont théorisé (Salin en France, sur les bases de Bastiat, Hayek et l'école autrichienne etc.)
Cela rend inutile toute logique réflexive sur la question du budget de l'État, car quand vous avez environ plus de 1500 organismes divers, opérateurs d'état, grands conseils, hautes autorités en tout genre qui ne servent absolument à rien à part empêcher les entrepreneurs et les vrais travailleurs de travailler, alors toute discussion politique passe par le prisme "nous devons continuer d'alimenter la tumeur", au risque d'être vu comme un extrémiste.
C'est le sort que les médias ont réservé à Milei en Argentine par exemple, qui a simplement décidé de mettre fin à la corruption pour reprendre le contrôle du budget. Et devine quoi ? Réduire ses dépenses finit miraculeusement par produire un excédent budgétaire, qui l'eût cru ?
La France devrait prendre exemple sur l'Argentine (c'est pour dire...), car on nous répète depuis des décennies que "la France va se réformer", mais rien n'est fait, et tout s'empire. Que ce soit dans un gouvernement de droite ou de gauche, chaque fois c'est le même scénario : un discours de rigueur suivi d'un chèque électoral. Macron distribue chèques énergie, primes carburant, subventions pour tout et n'importe quoi, sans jamais réduire profondément le cœur des dépenses, et il prend exemple sur tous ses prédécesseurs. Les économies annoncées d'un côté sont effacées par des dépenses nouvelles de l'autre, et la Cour des comptes le dit : le gouvernement est en incapacité à tenir le cœur des dépense.
En 2024, les dépenses publiques augmentent de 73 milliards d'euros. Le déficit file à 5.5% du PIB, record historique en période "normale" (hors guerre ou crise sanitaire). La dette dépasse 3300 milliards, 113% du PIB.
Malgré tout cela, l'ancêtre Bayrou ose encore annoncer un "plan" : 44 milliards d'économies pour 2026, à coups de jours fériés supprimés et de gels symboliques. Autrement dit, c'est poser un cautère sur une jambe de bois ! Les blagues s'écrivent toutes seules, même un comédien n'aurait pas pu inventer l'idée de supprimer des jours fériés pour réduire le déficit budgétaire, au lieu de simplement couper les dépenses inutiles comme les dîners de Gérard Larcher par exemple, ou le salaire de Sandrine Rousseau.
Quand le gouvernement ment éhontément à sa population, et propose des solutions stupides parfaitement assumées en prenant les gens pour des cons, c'est ce qu'Orwell appelait la double-pensée, c'est-à-dire lorsque le mensonge et la dissonance cognitive deviennent une norme publique. En France, tout le monde connait le mensonge, mais ceux qui s'y opposent sont considérés comme fous ou extrémistes, et les plus faibles s'y complaisent par impuissance.
C'est ce que décrit cette phrase célèbre attribuée (incorrectement) à Solzhenitsyn : "Nous savons qu'ils mentent. Ils savent qu'ils mentent. Ils savent que nous savons qu'ils mentent. Nous savons qu'ils savent que nous savons qu'ils mentent. Et pourtant ils continuent à mentir.". Je n'ai jamais lu cette phrase verbatim dans ses livres, mais elle lui est attribuée par association car elle représente bien sa conception du mensonge institutionnalisé et accepté qu'il explique dans L'archipel du Goulag (ou Vivre sans mentir, essai/manifeste plus court et percutant).
Aleksandr Solzhenitsyn (un de mes auteurs préférés). Né en 1918, mort en 2008.
Quand on arrive à comparer sérieusement la France et l'URSS, on se rend compte des dégâts. Au moins, on peut faire confiance à l'efficience des marchés pour être plus rationnel et mettre un peu d'ordre. En effet, les marchés financiers ne sont pas dupes et exigent une prime de risque supplémentaire sur la dette de la France ; elle paie aujourd'hui ses erreurs passées par une facture d'intérêts qui explose, et nous expose au miroir italien...
Longtemps, les investisseurs considéraient l'Italie comme l'homme malade de l'Europe. Dette à 135%, gouvernements instables, croissance atone, et au contraire, la France était vue comme son élève sérieux, solide, "triple A européen". Mais en 2025, l'ironie est totale : les marchés attribuent la même prime de risque à l'Italie qu’à la France.
Rends-toi compte, même la Grèce emprunte à des taux plus bas que la France. Quand Paris inspire moins confiance qu'Athènes, j'ose appeler ça une humiliation.
Par ailleurs, la Bourse de Paris ne croit plus en la stabilité politique, et chaque crise ministérielle se traduit par une claque. Annonce d'un vote de confiance ? –1.5% dès l'ouverture du CAC 40. Les banques françaises plongent, car elles sont gavées d'obligations longues, et le signal est clair : la politique française est un risque de marché.
En ce qui concerne l'euro, pour l'instant, il encaisse. La monnaie unique ne bronche pas vraiment face aux turbulences françaises, parce que dans son infinie générosité, la BCE a promis son parapluie. Le fameux TPI (Transmission Protection Instrument) qui permet de racheter des obligations d'État en cas de spéculation excessive. Tant que Francfort tient la ligne, on se dit : "La France ne tombera pas, la BCE interviendra."
L'euro ne flanchera que lorsque les spreads intra-européens atteindront un niveau de stress extrême, or, nous en sommes "seulement" à +80 bps entre obligations françaises et Bund allemand. Le jour où ce spread franchira +150, la musique changera et l'euro deviendra la cible d'un short massif, comme en 2012.
Je ne vais pas entrer en détail sur tous les aspects du déclassement français (pouvoir d'achat, démographie, liberté etc) car cela prendrait des heures, mais au fond, tout cela vient d'une vérité simple : l'État français est obèse. 57% du PIB en dépenses publiques, 45% en prélèvements obligatoires, plus de 1000 milliards d'impôts et cotisations collectés chaque année... Et malgré tout, l'argent est mal alloué, capturé par des rentes, englouti dans une bureaucratie hypertrophiée.
VISION
C'est politiquement incorrect, donc peu ont le courage de le dire, mais concrètement, la France se soviétise à grande vitesse. C'est l'URSS avec du champagne, car on continue à croire que "plus d'État" va sauver un modèle d'État en faillite.
C'est la grande contradiction socialiste : le socialisme appauvrit structurellement les populations, et la solution à ce problème serait... plus de socialisme ? En réalité, chaque euro supplémentaire dépensé par l'État détruit de la valeur. Il entretient des clientèles, des structures inefficaces, des entreprises zombies, des fonctionnaires inutiles, une administration hors de contrôle, etc.
Et les politiciens, prisonniers de cette machine, sont incapables de dire la vérité : il faut couper, réduire, réformer. Au lieu de cela, ils répètent la même recette : des chèques pour calmer la colère, des subventions pour acheter la paix sociale, des promesses creuses pour gagner du temps. C'est la politique du pain et des jeux dans un pays en ruine, on distribue des miettes pour éviter l'émeute, en espérant que les marchés n'y verront que du feu. Mais les marchés voient, ils notent, ils pricent, ils sanctionnent.
Concrètement, mon constat est le suivant : la France est entrée dans un cercle vicieux où les blocages politiques (barrage, censures, inerties bureaucratiques etc) empêchent des réformes profondes courageuses, qui mènent donc à un déficit chronique. Ce déficit durable et l'incapacité à le gérer mènent mécaniquement à une hausse des taux longs, donc une dette encore plus insoutenable. Cette dette insoutenable provoque de la colère sociale, surtout chez les jeunes (à juste titre, ce n'est pas à nous de payer les inepties des boomers), et donc, la montée des extrêmes. Puis la boucle est bouclée, la montée des extrêmes provoque un blocage politique aggravé, et le cercle vicieux continue.
Je vais être clair : la France ne va pas seulement "mal", elle est profondément prise au piège dans une mécanique d'effondrement, et l'histoire est sans pitié avec les régimes qui s'y engouffrent. L'URSS, étranglée par ses déficits structurels et son immobilisme politique, s'est effondrée sans coup d'État, faute d'élite capable d'affronter la réalité. L'Espagne de 1898, minée par la dette et l'immobilisme, a perdu son empire. Même la France de la IVe République a dû être liquidée en 1958 pour éviter la dislocation. Chaque fois, même scénario : impuissance, colère populaire, puis effondrement institutionnel.
Mais en 2025, nous vivons dans un monde bien plus déterministe qu'autrefois. Les marchés ont déjà pricé une partie du problème : CAC40 fragile, spreads élargis, note dégradée par les agences de notation, etc.
La seule issue rationnelle serait un sursaut libéral brutal : réduire la dépense publique de dizaines de points de PIB, libérer l'économie, casser les rentes, déréguler massivement, licencier massivement les fonctionnaires, réduire les aides sociales, supprimer tous les conseils inutiles, réduire les pensions des retraités les plus aisés, mais personne n'ose.
On entend parler de droite, ou d'extrême droite, mais en réalité, en France, tous les partis politiques sont de gauche. Tous veulent plus d'État, plus de dépenses, pas moins, et les "extrêmes" comme le RN n'y échappent pas ; ce sont des socialistes économiques, et ils sont réduits à des idiots utiles esclaves de la doxa en guise d'opposition.
Alors que reste-t-il ? Rien. Impossible n'est pas français, mais il n'y aura bientôt plus suffisamment de français en France pour faire quelque chose, alors d'oû viendra l'électrochoc ? En 2025 en France, 1/3 des nouvelles naissances ont au moins 1 parent né à l'étranger, et 1 naissance sur 2 est d'origine étrangère au moins d'un côté. Les populations étrangères hors occident ayant une contribution fiscale nette négative, elles ne sont pas particulièrement attachées à la baisse des dépenses, car elles en bénéficient ; c'est donc assez peu risqué de parier qu'au moins 33% des votants des futures générations ne seront pas exactement libéraux...
Autrement dit, la révolte ne sera pas populaire, alors doit-on espérer que quand les taux atteindront 5%, quand la dette sera insoutenable, quand l'euro tremblera, alors seulement viendra le courage de changer les choses ?
Personnellement, je ne compte pas là-dessus, la France est un Titanic piloté par des imbéciles qui continuent de danser sur le pont, et je préfère tenter ma chance en sautant par-dessus bord, car les marchés entendent déjà le craquement de la coque.
PS : Ce rapport est un constat, je prépare un rapport hors-série sur les réelles actions à mettre en place et investissements à faire pour "survivre" au déclassement. À suivre en septembre.